Thursday 22 October 2015

Tricoter du lien

Je ne compte plus mes déménagements: originaire du sud-est de la France, j'ai vécu en Ecosse à Stirling, dans le Surrey à Godalming, à Londres, à Liverpool, à Paris, à Limoges...et c'est maintenant à Brest que j'ai posé mes valises (pour un moment cette fois). A chaque fois, c'est beaucoup de changements, de recommencements, d'excitation et de peur du sentiment de solitude. J'aime faire des rencontres, voir comment les gens vivent dans les différents endroits où je vais, prendre le rythme de vie des autochtones. Ce n'est pas facile. Ils sont là depuis longtemps, parfois depuis toujours. Ils ont leur cercle d'amis, leur vie; moi, je viens d'arriver, je ne sais pas combien de temps je resterai (souvent une année scolaire) avant de refaire mes valises. Oui mais... je tricote. J'aime tricoter. J'adore tricoter. Et partout où je vais, je trouve toujours des tricoteurs/tricoteuses qui partagent cette passion et aiment la partager. Les lieux les plus insolites pour tricoter (le Royal Festival Hall avec Stitch London à Londres avec plus de 150 personnes, le Jardin des Tuileries à Paris grâce à Knit Spirit) comme les plus "conventionnels" (les pubs, les café, les bars à thé) deviennent familiers. Les visages changent mais le lien reste le même. Pas seulement le tricot, mais l'envie de s'ouvrir à l'autre. Et si tricoter est pour moi comme la méditation pour d'autres, c'est aussi cette envie de se lier à l'autre qui m'a motivée à participer à la création des Fibrophiles.

Tout a commencé au festival Le Lot et la Laine en juillet 2015. C'est pendant ce week-end champêtre et festif, entourée de tresses, batts et écheveaux plus beaux les uns que les autres, sous le soleil généreux du Lot, que j'ai fait la connaissance de Claire de l'Atelier des Bruyères. J'y ai également retrouvé Chantal, dont j'avais croisé le chemin à plusieurs reprises lors des rendez-vous du pub spinning parisien. Quelques semaines plus tard, nous créions l'association Les Fibrophiles à Brest. Notre but: promouvoir le travail de la fibre textile en Bretagne et dans le monde (filage, tissage, tricot, crochet...). Notre moyen: partir à la rencontre des passionnés.

Notre première étape fut la mise en place d'un café-tricot-thé. C'était essentiel dans notre démarche. Il y en a déjà à Brest et nous n'avons nullement la prétention de les supplanter. Si vous êtes plutôt libre dans la journée ou le week-end, vous pouvez vous rendre aux Laines de la Côte ou bien aux rendez-vous de Kerlune avec West Maille Story. Notre rythme de vie étant ce qu'il est, nous avons opté pour une rencontre en soirée le jeudi. Nous en sommes à notre 4eme rendez-vous et je me plais à croire que ce ne sont pas seulement les pâtisseries délicieuses servies au Tuk Tuk Bazar qui font qu'on doit se serrer de plus en plus pour accueillir les nouveaux arrivants.

Notre second projet est en fait celui qui nous a réunies dès le départ: créer un festival de la fibre en Bretagne. Cette idée ne nous est pas venue de nulle part. Après avoir échangé avec les Brebis Babillardes, organisatrices du Lot et la Laine, qui a lieu tous les 2 ans, nous avons trouvé intéressante l'idée de faire voyager le festival. Et pourquoi pas en Bretagne?

Alors voilà. Trois mois à peine se sont écoulés. L'association est déclarée à la sous-préfecture de Brest et nous venons de décider d'un lieu pour le festival. Celui-ci sera annoncé "en grandes pompes" lors des  Journées Nationales de la Laine à Felletin, ce week-end.

Et puis il y a Filentropie. Pérégrinations autour du fil, ça résume bien l'état d'esprit. Je teste, j'essaye, j'expérimente: la teinture, le filage, la couture aussi. Et l'enseignement du tricot. Mais je vous en parlerai davantage dans un autre post.

Si on m'avait dit, le jour où je montais mes première mailles sous les regards bienveillants de ma mère et de ma mami, que quelques années plus tard, ce geste rassurant et méditatif tiendrait une telle place dans ma vie, je ne l'aurais pas cru...et elles non plus!